Mathias Beche : “Faire le mieux possible avec ce que l’on a !”

8e temps à l’issue de la Journée Test, Mathias Beche est en passe de disputer sa 3e édition des 24 Heures du Mans au volant de la Rebellion R-One du Rebellion Racing. A deux semaines du départ du double tour d’horloge sarthois, le pilote suisse s’est confié à la rédaction du WEC en continu.

Quel bilan tires-tu de tes deux premières courses de FIAWEC qui se sont soldées par 2 victoires en LMP1-L ?

“On réalise une belle performance pour l’équipe à Silverstone qui termine 4e. « Victoire en LMP1-L » on sait que cela ne veut pas dire grand-chose : il faut battre notre coéquipier en l’absence de concurrence, il n’y a pas de réelle fierté. En revanche, terminer 4e et éviter les embuches d’une course à Silverstone extrêmement dures. C’est important pour l’équipe et c’est une belle fin pour la Lola. Les 6 Heures de Spa-Francorchamps marquaient l’entrée de la R-One en compétition. La performance n’était pas là pour plusieurs raisons, dans un premier un temps à cause d’un manque de performance pure face aux équipes d’usines car il faut une balance de performance et la voiture était très neuve, on n’avait fait que 400km d’essais avant de l’envoyer en Belgique. Bilan tout de même très positif car on finit la course pour la première fois où l’on faisait de vrais cycles de chauffe avec la voiture : un vrai test d’endurance. Ces deux courses ont eu chacun leurs points positifs et je pense que c’est une belle entame de saison pour l’équipe.”

Comment juges-tu la Rebellion R-One par rapport à la Lola B12/60 ?

“Il y a de grosses différences entre la Lola et la R-One, de par la réglementation avec les pneus plus petits qui nous font perdre 14% de notre grip, ce qui représente une perte de performance très conséquente entre les deux types de pneus, et l’étroitesse des pneus est difficilement compensable. Il est clair que la R-One est beaucoup plus performante que la Lola. On remarque dès le début qu’on arrive à atteindre les performances de notre ancienne monture en consommant beaucoup moins avec des pneus plus étroits, qui nous ont fait perdre 2-3 secondes en Belgique par rapport à l’an dernier. On voit bien le travail effectué. Les deux autos sont complètement différentes du fait que l’une est en phase de développement. Nous sommes en phases d’apprentissage et de découverte. On essaye différents types de réglages et les réactions sont vraiment propres à la voiture, il faut donc apprendre à la connaitre. Toute l’équipe connaissait sur le bout des doigts la Lola, cela faisait des années que l’équipe roulait avec cette voiture et on savait exactement où on allait. C’était différent. Faire du développement et découvrir les prémices d’une voiture quasiment d’usine est une approche très intéressante pour moi, en tant que pilote.”

Un avis sur l’absence totale de concurrence en LMP1-L à l’exception de la voiture sœur ?

“Manque de concurrence… c’est à l’ACO de nous permettre d’être la concurrence des écuries d’usines, cela a toujours été le but premier. La réglementation a été faite avec une BoP, donc nous ne sommes pas venus en LMP1-L pour nous battre avec des LMP1-L. On est venu en LMP1-L pour être derrière les équipes d’usines, et quand je dis derrière, c’est 1 ou 2 secondes. On n’a jamais compté sur Lotus ou d’autres écuries privées pour faire un championnat. On a construit une voiture pour chatouiller les écuries d’usine comme le faisait Pescarolo à l’époque. Maintenant c’est aux instances compétentes de tirer les leçons du début de saison. Ils ont toutes les données de la Journée Test. J’espère qu’ils prendront les bonnes décisions car cela en va du devenir de notre équipe et du futur du LMP1-L. Quelle équipe voudrait s’engager avec une voiture qui n’est pas compétitive face aux constructeurs ? Personne. On verra les décisions prises et on l’espère que ce sera les bonnes.”

Le tableau de marche a-t-il été rempli au cours de la Journée Test ?

“La R-One n’a rien à voir par rapport à la voiture de Spa-Francorchamps après les 4 jours d’essais au Paul-Ricard où l’équipe a fait un très bon travail. Le nombre important d’évolutions en si peu de temps nous permet un rapprochement important du vrai potentiel de la voiture. Par rapport à une équipe d’usine, mis à part le moteur qui nous fait perdre 2 secondes à chaque ré-accélération, on est loin d’être ridicule avec nos vitesses de passages en courbes, l’auto a un bon potentiel, il nous manque juste les 500ch du moteur électrique, et il faudra trouver une façon de les compenser : soit par une compensation de poids (LMP1-L « light »), soit en ayant un surplus de consommation car en les respectant nous sommes encore très loin des autres LMP1.”

__p17vrtlvtlr6qb2uiul1qkv1moqs_640
Quels objectifs te fixes-tu pour ta 3e participation au Mans ?

“Mon objectif personnel est de faire le mieux possible avec ce que l’on a, en exploitant notre potentiel au mieux, faire le travail le plus professionnel possible en continuant d’améliorer mon pilotage et ma compréhension de la technique. Les objectifs de l’équipe sont d’être proche des équipes d’usine et de pouvoir être capables de profiter de soucis éventuels pour s’immiscer dans la bagarre. Cela pourrait être génial pour les spectateurs et pour l’endurance si c’était le cas. Terminer la course sans le moindre problème sera déjà une belle victoire pour tout le monde.”

Qu’en est-il des réparations de ton auto après la sortie de Nick Heidfeld hier après-midi ?

“L’équipe a bien réagit, la coque n’a apparemment pas été touchée, c’est un bon point. Les mécanos sont en train de faire un bon travail pour la remettre sur roue pour rouler demain sur le circuit Bugatti afin de voir si tout est ok. On est une petite équipe, et malheureusement on a peu de pièces de secours. On verra si cela a une influence sur notre course et sur celle de la voiture sœur. Nous sommes vraiment sur quelque chose d’assez limitée car on a reçu la voiture tardivement et ce n’est pas évident d’avoir toutes les pièces de secours. Ce sont des choses qui arrivent et c’est mieux qu’elles arrivent maintenant. Ce qui est important c’est que Nick aille bien. Les nouveaux tecpro à l’entrée des Porsche ont été une grosse aide pour sa santé physique et aussi pour les dommages de la voiture car s’il y avait eu un rail ou des pneus, les dommages auraient été plus sérieux.”

Un avis sur le nouveau boudin rouge qui a été posé à la chicane Ford ?

“En le voyant, j’étais déçu que les organisateurs l’aient posé. Finalement, en conduisant, ce boudin n’est pas si mal, il nous force à respecter la ligne de course. Avant, tout le monde passait par-dessus les bananes et oublier cette ligne de course. Maintenant c’est plutôt sympa à conduire, c’est un peu plus technique et un peu plus sélectif, peut-être.”

Crédit photo : Marc Fleury Motorsport Photography

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *